Ouverture (RFI, 18/05/2007) Yvan Amar

C’est la formation du nouveau gouvernement qui occupe l’essentiel de l’actualité aujourd’hui, tout au

moins en France. Un gouvernement décrit comme resserré et d’ouverture… Etonnant quand même: ces

deux images semblent contradictoires!

Ce qui est resserré évoque le plus souvent la fermeture, le repli. Alors que l’ouverture fait penser à ce

qui s’élargit, se desserre, justement.

L’image de ce gouvernement est-elle paradoxale, contradictoire? Pas forcément! Ces deux

caractéristiques peuvent être vraies en même temps, dans la mesure où elles ne s’appliquent pas à la

même chose: le gouvernement peut être resserré en quantité, et ouvert en contenu.

"Resserré" simplement parce qu’il est relativement réduit: peu de ministères et par conséquent peu de

ministres. Et donc pas de place pour tout le monde… mais c’est un autre problème.

"D’ouverture" car tous ses membres n’appartiennent pas à la même sensibilité politique, et c’est ce qui

étonne. En effet, avant d’être président de la République, Nicolas Sarkozy dirigeait un parti politique,

l’UMP. Ses ministres ne font pas tous partie de l’UMP. Certains viennent même de régions politiques

qui en sont fort éloignées, de partis rivaux, de mouvances opposées.

S’agit-il donc de réconcilier tout le monde? Ce n’est pas sûr et jusqu’à présent, Sarkozy n’avait pas tant

que cela l’image d’un rassembleur. Mais l’image de l’ouverture justement ne correspond pas vraiment à

l’image du rassemblement. Il ne s’agit pas de trouver des dénominateurs communs, de regrouper un

ensemble de personnalités autour d’un faisceau d’idées partagées.

Parler d’ouverture, c’est davantage penser à un éventail large qui touche à des approches très diverses.

Et la comparaison avec l’éventail transmet justement cette idée de ce qui peut s’ouvrir, se déployer, aller

chercher assez loin ce qui se passe d’un côté comme de l’autre…

Le mot d’"ouverture" a eu des sens figurés depuis bien longtemps, et on peut remarquer que très tôt, dès

le XVIe siècle, ces emplois ont un rapport avec la politique.

Dans un langage diplomatique, une ouverture désigne une sorte d’appel du pied, un signe envoyé vers

un partenaire possible avec lequel on n’aurait pas spontanément établi le contact. Attention, il s’agit

d’un vrai geste diplomatique, c’est-à-dire très codé, d’une infinie discrétion. Le partenaire y répondra de

façon tout aussi discrète, ou fera semblant de ne rien avoir vu. Mais de toute façon, le signal est si ténu

qu’on peut toujours le démentir, dire: non, non, non, il ne s’est rien passé.

Quant à l’adjectif "ouvert", il est presque toujours positif. Quelqu’un d’ouvert, c’est quelqu’un qui est à

l’écoute de l’autre, prêt au dialogue, et surtout qui ne se bloque pas sur ses positions. Il accepte de

prendre en considération des idées qui ne sont pas les siennes, et il accepte même peut-être de revenir

sur ses opinions, de les faire évoluer, de prendre le risque de changer.

OUVERTURE (Le Monde, 20/05/2007) Hélène Viala

Actes du colloque «Le français parlé dans les médias: les médias et le politique» (Lausanne / 2009)

Marcel Burger, Jérôme Jacquin, Raphaël Micheli (éds)

«Je suis pour aller très loin dans l’ouverture (…), y compris jusqu’aux sarkozystes!»


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