Journal d'un medecin de campagne

Je regardai la pendule. Il était quatre heures et demie. Il me restait un dernier consultant. C' était un paysan аgé, maigre. Il me salua de la tête et vint tout de suite au fait: il m' avait vu au travail et souhaitait "prendre consultation".

J' avais fait asseoir l' homme dans un fauteuil devant moi, et attendais qu' il me racontait son histoire. Comme il se taisait, tout en me regardant, je finis par lui dire:

-Eh bien! Monsieur, je vous écoute, expliquez – moi où vous avez mal?

-Ah, non! répondit l' homme, ce n' est pas à moi de vous le dire. C' est à vous de le trouver.

Je crus tout d' abord qu' il plaisantait, j' essayai de lui expliquer qu' il fallait me mettre un tout petit peu sur la voie, me dire au moins ce dont il se plaignait, la region où il souffrait. Il ne voulut rien entendre.

Je demandai à l' homme de se déshabiller. Il le fit avec lenteur. Puis, le torse nu, il attendit mon examen. Je cherchai du regard quelque signe de maladie. Ce fut en vain, et je décidai d' ausculter les poumons, le coeur, je ne trouvai d' ailleurs rien d' anormal. Je pris ensuite la tension artérielle; elle était satisfaisante pour un homme de cet âge. J' examinai les yeux, les oreilles, toujours sans découvertes notoires.

Dans la moitié supérieure de son corps, cet homme paraissait être fait pour devenir centenaire. Je repris mon examen. Foie, estomac, intestins, tout était en ordre. L' homme observait en silence mes investigations d' un air à la fois attentive et respectueux. Je ne voyais pas comment j' allais sortir à mon avantage de cette consultation étrange. Au moins pour moi cet homme n' était pas malade et je voulais le lui dire, lorsque tout à coup j' aperçu une croâte rougeâtre. Aussitôt je me relevai pour declarer avec un accent de triomphe:

-Eh bien, je vous ai au moins trouvé quelque chose! Vous avez de l' eczéma!

L' homme semblait ravi.

- Alors, monsieur le docteur, demanda – t – il, comme ça, vous ne me trouvez que l' eczéma?

- Exactement, rien d' autre que de l' eczéma, mais je vous avertis tout de suite qu' il ne sera pas très commode à guérir!

- Oh, ça je n' y tiens pas à le guérir! M. Delpuech me dit toujours qu' un bon eczéma c' est un signe de longue vie et qu' il vaut mieux le laisser couler tant qu' il veut.

- J' étais étonné. Cet homme qui avait demandé une consultation pour entendre un diagnostic qu' il connaissait déjà, et, de plus, il refusait mon traitement! Alors pourquoi était – il venu me voir?

- L' homme m' observait avec une admiration évidente.

-Ah, vous pouvez dire que vous étes un bon docteur! Ah, oui, je suis bien content d' être venu me faire ausculter. Je ne regretted pas mon argent avec vous. Vous, au moins, vous auscultez bien …

Texte № 8

LES FRANÇAIS, SONT–ILS SPORTIFS?

Au stade ou devant la télévision

Le problème de cette entrée en scène de la télévision dans le monde du sport est qu'elle ne concerne que quelques disciplines dont l'audience est assurée: l'athlétisme, le football ou la Formule 1. D'autres sports plus confidentiels pâtissent de ce monopole télévisuel (le handball, la course à pied, la natation, l'escrime ou l'equitation), ce qui n'aide guère à entretenir la flame de leurs participants. Parfois même les grandes chaînes de télévision, par leur poids financier, imposent au sport ses propres règles. Bien amorcée aux Etats–Unis, où les parties de base–ball et de football américain sont interrompus à quatre reprises pour des raisons publicitaires, cette évolution sera–t–elle évitée par la France?

Cette privatisation du sport s'accélère d'autant plus que les grandes marques (Adidas, Nike, Reebok) pèsent d'un poids toujours plus grand sur l'univers sportif. Logiquement animées par des ambitions commerciales, elles n'hesitent pas à inventer de nouvelles pratiques, à exploiter les tendances en vogue dans la jeunesse, ou à s'approprier des lieux publics (places, trottoirs, parcs de stationnement) qui n'étaient pas destinés à priori au sport.

Les industriels du sport s'improvisent alors organisateurs de tournois, de basket ou de hockey par exemple, sur le bitume des villes. Les fédérations de basket et de football ont vite réagi à cette "évasion" du sport dans la rue, conscientes que du vivier des pratiquants occasionnels pouvaient sortir les futures champions. Ces fédérations ont alors decidé d'aller chercher leur public à l'extérieur des stades ou des gymnases.

Cette attitude, à laquelle l'institution sportive ne nous avait pas habitués, illustre bien le phénomène majeur de ces dernières années. Le sport est devenu un produit de grande consommation et les disciplines sont désormais en concurrence. Dans tous les groupes de sport, on observe le développement soit de pratiques entièrement nouvelles (karaté, aérobic, stretching), soit de sports jusque là peu pratiqués (course d'orientation, boxe française). Les sports traditionnels comme le ski s'inventent également des disciplines parallèles (snowboard, raquette) ou pour suivre se transforment (skis courts) afin de réduire leur durée d'apprentissage. Le développement du sport "clés en main" découle d'une logique imparable: le sport doit pouvoir être consommé à tout âge et à tout niveau pour augmenter la taille du marché!

Texte № 9


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