Pour les musiciens, cela évoque le premier mouvement d’une oeuvre lyrique. Pour les joueurs d’échec,
ce sont les premiers coups, destinés à développer la stratégie de la partie. Dans le domaine de la photo,
cela désigne le rapport entre la distance focale et le diamètre de la pupille de l’objectif. Il y a bien sûr
aussi l’ouverture de la chasse, de la pêche, les heures d’ouverture des magasins ou des musées, les
ouvertures de crédits. Même le rugby a son demi d’ouverture pour mener des percées. L’" ouverture " (du
latin apertura), c’est généralement bien noté, surtout en ce qui concerne celle de l’esprit. Pourtant, en
matière de politique, et surtout, ce printemps, s’agissant de la formation du gouvernement, cela fait
grincer bien des dents. À gauche, où l’on reproche au nouveau président de " débaucher " de manière
éhontée, et où l’on fustige " la trahison, la récupération " (M. Hollande, le 15 mai). Mais aussi à droite,
dans le carré des proches, où l’on rumine comme M. Devedjian que " la fidélité n’est pas nécessairement
le contraire de la compétence ". " Un mot d’humour ", minimisera-t-il plus tard, se déclarant même " à
200% pour l’ouverture ". 200%? Mais ce n’est plus de l’ouverture, c’est de la béance! Nous savions
depuis Alfred de Musset qu’il fallait qu’" une porte soit ouverte ou fermée ". Nous voilà à la veille de
découvrir comment un gouvernement peut être à la fois " ouvert " et " resserré ".