Les avantages de la monnaie unique

II. La zone Euro

L’adhésion à l’UE ne donne pas obligatoirement accès à la zone €. Il existe 27 États membre de l’Union Européenne et 16 États membres de la zone Euro + la Roumanie en 2014.

Les avantages de la monnaie unique

La première grande raison de la création de la zone Euro est que cette zone doit renforcer la cohésion des politiques économiques dans la zone. La monnaie unique doit favoriser la croissance.

L’appartenance à la zone présente 4 grands avantages:

- 1ère avantage: plus de fluctuations de change, hors la fluctuation et l’instabilité des taux de change freine la croissance.

- 2ème avantage: Cela entraine une disparition des coûts de transaction sur les opérations de change

- 3ème avantage: l’Euro favorise la transparence sur les prix et favorise la concurrence. Cela soutient les échanges intra-communautaires et cela favorise la croissance.

- 4ème avantage: Cela permet de bénéficier de taux d’intérêts faibles sur le marché financier. Implicitement, un pays membre de la zone euro ne peut pas faire faillite si il respecte les dispositions budgétaires en vigueur dans la zone Euro.

Mais, il y a des inconvénients:

- 1ère inconvénients: Les pays membres perdent la maitrise de leur politique de change, c’est à dire qu’ils ne peuvent pas modifier leur taux de change pour corriger des déséquilibres de balance des paiements et pallier une insuffisance de compétitivité.

Un même taux de change de l’Euro par rapport au dollar ne convient pas à tous les pays membres.

- 2ème inconvénient: Cela limite la marge de manœuvre en matière de politique budgétaire.

2) Les conditions d’adhésion à la zone Euro

L’économie du pays candidat doit avoir tendance à converger avec l’économie de la zone Euro. Cette économie va être étudiée au regard de quatre critères (traité d’Amsterdam):

- 1er critère: Porte sur l’inflation (instabilité des prix): on va fixer un critère quantitatif, c’est à dire que le taux d’inflation ne doit pas être supérieur à la moyenne des taux d’inflation des trois pays qui ont le taux le plus faible + 1,5%.

- 2ème critère: Porte sur «le caractère soutenable de la situation des finances publiques». On prend deux indicateurs pour cette stabilité:

o le déficit public ne doit pas dépasser 3% du PIB

o la dette publique (son encours) ne doit pas dépasser 60% du PIB

- 3ème critère: Le taux d’intérêt à long terme. Pour emprunter, ils vont acheter sur le marché financier. On va prendre le taux d’intérêt à long terme. Les candidats ne doivent pas emprunter à moyenne des 3 pays empruntant à la valeur la plus faible + 2%.

- 4ème critère: La stabilité du taux de change. L’évolution du taux de change de la monnaie du pays candidat ne doit pas s’écarter fortement de l’évolution de l’Euro.

Exemple:

Un pays qui a un taux d’inflation élevé va emprunter sur les marchés à des taux d’intérêts élevés. Ce qui fait que les entreprises et les ménages de ce pays vont emprunter à des taux d’intérêts élevés. Or ces taux d’intérêts élevés freinent l’investissement, freinent la consommation et donc freinent la croissance.

Un déficit public se finance par l’emprunt. Un déficit public entraine automatiquement une augmentation de l’endettement et cette augmentation de l’endettement va entrainer une augmentation des taux d’intérêts.

III. Le pacte de stabilité et de croissance

a) Les principales caractéristiques du pacte

Il a été adopté en 1997 à Amsterdam. Ce pacte a été profondément réformé en 2005. Il s’agit d’éviter que les pays membre de la zone Euro s’engagent dans des déficits excessifs en matière de finance publique et dans des situations qui seraient insoutenables (au point de vue des finances publiques).

Que doivent faire ces pays?

Le respect des 4 critères de convergence a nécessité de très gros efforts pour les pays candidats. Souvent, ces efforts ont eu un coup politique. Il pourrait être tentant pour les pays qui sont rentrés dans la zone Euro d’adopter des politiques de facilité, relâchée. Pour éviter ces politiques laxistes, on maintient deux critères en matière de finance publique:

- les déficits publics ne doivent pas dépasser 3% du P.I.B.

- le taux d’endettement ne doit pas dépasser de «beaucoup» les 60% du P.I.B.

La Banque Centrale Européenne (BCE) a pour interdiction d’accorder des découverts ou des crédits aux États et aux organismes publics nationaux.

Si un pays dépasse les 3% du déficit, il va y avoir plusieurs étapes:

- 1ère: Il va avoir un avertissement et le pays doit prendre des mesures pour corriger ce déficit au dessus de 3%. Cela s’accompagne pour tous les États une obligation de rendre publique la trajectoire d’évolution de leur finance publique sur 3 ans.

- 2ème: Si le pays réussit à réduire son déficit cela ne va pas plus loin. Sinon, le pays est soumis à une sanction, c’est à dire qu’il devra déposer auprès de la Banque Centrale Européenne 0,2% de son P.I.B. sous forme de dépôt non rémunéré. Il a un an pour corriger son déficit. Si il n’a pas corrigé son déficit, le dépôt devient une amende. Si il n’obtempère pas, les textes ne prévoient rien.

Cela dit, on s’est aperçu qu’un même taux du déficit budgétaire n’a pas la même signification économique pour tous les pays:

- 1er exemple: ce déficit est dû à un excès de dépense qui sert à financer des dépenses de fonctionnement en augmentation du fait d’une mauvaise gestion.

- 2ème exemple: le pays décide d’améliorer sa compétitivité internationale en finançant des grands programmes de recherches et des infrastructures.

Normalement quelques années plus tard la croissance du deuxième pays va augmenter et celle du premier pays va stagner ou diminuer. Le premier pays est engagé dans une dynamique d’augmentation de sa dette. Le deuxième va réussir à réduire son déficit budgétaire sans augmentation de son endettement. C’est pour ça que le pack de stabilité a connu des assouplissements en 2005, la commission européenne tolère des dépassements plus élevés si les dépenses permettent la croissance du pays en question.

b) Les inconvénients du pacte de stabilité de croissance

Il était indispensable pour éviter le dépassement budgétaire. Mais il présente des défauts:

- Le pacte a manqué de crédibilité, même si certains pays l’ont respecté mais d’autres grands pays en revanche, dont la France, ne l’ont pas respecté et au final il n’y a eu aucune sanction.

- Le pacte peut s’avérer pro-cyclique, c’est-à-dire qu’il peut accélérer les cycles économiques (dans un cycle de décroissance par exemple):

o 1er: réduction du déficit quand on est en période de croissance, sans changer les taux d’imposition, les recettes publiques augmentent mécaniquement, parallèlement les dépenses publiques vont diminuer (moins d’indemnisation de chômage, moins de dépenses de l’économie). Donc le déficit diminue => Cette diminution des déficits ne freine pas la croissance de l’activité économique.

o 2ème: on est en période de récession. Si on veut réduire le déficit, on agit sur les recettes et sur les dépenses. Si on augmente les recettes, cela passe obligatoirement par l’augmentation des taux d’impositions, la pression fiscale. Cette augmentation de la pression fiscale a trois conséquences:

§ Elle va retirer du pouvoir d’achat de l’économie

§ Elle va ou peut freiner l’effort productif

§ Cela peut entrainer, favoriser des délocalisations

Coté dépense les protections sociales auront tendances: à augmenter, même chose pour les dépenses de soutien à l’activité, cela va freiner l’activité économique.

En période de difficulté économique, le déficit va aggraver les problèmes économiques, d’où l’expression le pacte est pro cyclique.

c) Faut-il renoncer à la réduction du déficit?

Le déficit se finance par emprunt donc le déficit augmente la dette et on se rend compte qu’il y a des limites à l’endettement.

On peut exprimer ces limites:

- du fait que le service de la dette (le remboursement du capital = amortissement de la dette; + paiement des intérêts) va absorber une part croissante des dépenses publiques et de ce fait va réduire la marge de manœuvre des États.

- Les déficits permanents et élevés entrainent dans l’économie un climat de facilité qui conduit à retarder la prise de décision nécessaire.

On peut appliquer ces déficits à la France:

1er exemple: La France a un déficit des protections sociales au sens large (On dépenses beaucoup plus qu’il y a de ressources). Si on peut financer le déficit, cela retarde d’autant la prise de décisions, de réformes nécessaires.

2ème exemple: Le soutien aux investissements et aux entreprises en difficulté. Au niveau du principe, un soutien peut être nécessaire. Mais, il y a des formes de soutien qui sont couteux pour les finances publiques qui ne servent à rien, c’est-à-dire qu’ils n’ont pas d’effets durables ni sur les investissements ni sur la situation de l’entreprise, c’est ce que l’on appelle des effets d’aubaine.

- Lorsque la conjoncture économique est difficile, cela peut être tout à fait justifié d’augmenter les dépenses publiques, d’augmenter les déficits pour stimuler l’activité économique (faire une politique de relance ou de soutien à l’activité économique). Si un État veut pouvoir stimuler l’activité économique quand il en a besoin, il faut que les États puissent avoir les moyens de stimuler l’activité économique lorsque c’est nécessaire. Les États doivent reconquérir de la marge de manœuvre pour pouvoir stimuler l’activité économique quand c’est nécessaire et stimuler cette marge de manœuvre passe obligatoirement par une diminution des déficits voire même par un excédent budgétaire, c’est à dire lorsque la situation économique est favorable.

IV. Questions de politiques de change dans l’Union Européenne

Le passage à l’Euro a été une très belle réussite en ce sens que l’Euro a été adopté par des agents économiques un petit peu plus rapidement que prévu. Dans le cas de la France, le passage à l’Euro était en 2002. Contrairement à ce que l’on dit, l’impact sur l’augmentation des prix a été pratiquement nul.

1) L’appréciation de l’Euro

Depuis sa création, l’Euro a connu d’importantes fluctuations. L’Euro en tant que monnaie de transactions internationales a été lancé en janvier 1999. À cette époque là, l’Euro valait 1,18 Dollars; En 2000, il vaut 0,82 Dollars; En 2008, il vaut 1,60 Dollars; Actuellement 1,35 à 1,37 Dollars. Entre le début et maintenant l’Euro s’est considérablement apprécié.

Il existe plusieurs raisons pour expliquer cette appréciation de l’Euro:

- Les agents économiques anticipés une augmentation de l’Euro par rapport au Dollars. Ils ont vendus des Dollars pour acheter des Euros. Cela a fait augmenter le coût de l’Euro par rapport au Dollar. C’est ce qu’on appelle des anticipations auto réalisatrices.

- La rentabilité des placements en Euro était supérieure à la rentabilité des placements en Dollar. C’est ce que l’on appelle le taux réel. (Exemple: on place 1000 euros à la banque, 1 an après, on a 1100 euros, on dit que le capital a augmenté de 100. Dans la même année le taux d’inflation était de 12%, maintenant pour avoir la même chose qu’il y a un an, il faut 1100 euros; Au final, le taux d’intérêt réel était égal au taux d’intérêt + le taux d’inflation donc = -2% => pas rentable)

- Les Banques Centrales ont diversifié la composition de leurs réserves internationales en achetant des euros. Elles se sont mises à accumuler leurs réserves eu Euro du fait de la valeur importante de l’Euro par rapport au Dollar. Donc cela a fait augmenter l’Euro par rapport au Dollar.

Après 2008, il y a eu une crise financière internationale. L’Euro a très bien résisté mais du fait d’une très forte augmentation du déficit budgétaire dans la zone Euro, l’Euro a eu tendance à se déprécier un peu par rapport au Dollar. Mais très rapidement, à partir de 2009/2010, l’Euro s’est à nouveau apprécié par rapport au Dollar du fait que le gouvernement américain a décidé de faire baisser le Dollar par rapport à l’Euro donc cela a favorisé l’appréciation de l’Euro. Le gouvernement américain a fait cela pour améliorer la compétitivité internationale des Etats-Unis. La Banque Centrale américaine a injecté d’énormes quantités de Dollars dans l’économie américaines. Il y a donc eu une très forte augmentation de l’offre de Dollar et donc une forte dépréciation par rapport à l’Euro.

2) Les avantages et les inconvénients d’un Euro fort par rapport au Dollar

Lorsqu’une monnaie s’apprécie fortement par rapport au Dollar, les effets sont d’abord positifs, ensuite une phase neutre et ensuite des effets négatifs.

L’appréciation de l’Euro par rapport au Dollar, au début, a entrainé une baisse des coûts d’importations facturées en Dollar. Notamment, l’augmentation de l’Euro a amorti le choc pétrolier parce que le pétrole est facturé en Dollar et non en Euro. L’appréciation de l’Euro entraine une augmentation du pouvoir d’achat.

Mais parallèlement, comme la valeur des importations va diminuer, cela va inciter les agents économiques à importer davantage. Donc progressivement, l’appréciation de l’Euro entraine une perte de «Compétitivité Prix» des entreprises de la zone Euro. Cela entraine dans le même temps progressivement également des difficultés croissantes à l’exportation parce que l’appréciation de l’Euro augmente le prix des biens qui sont facturés en Euro.

Si cette perte de compétitivité est relativement faible, les entreprises peuvent compenser par des augmentations de productivité.

Mais si l’appréciation de la monnaie continue et devient relativement importante, à ce moment là, les entreprises ne peuvent plus compenser par des gains de productivité et elle peuvent délocaliser leur production, elles peuvent chercher à réduire leurs coûts en diminuant la masse salariale soit en bloquant les salaires soit en licenciant ou alors si elles le peuvent elles vont modifier leur production pour se positionner sur d’autres segments de marché. Et le dernier cas de figure, elle fait faillite ou elle ferme.

Cette dégradation de compétitivité peut être extrêmement dangereuse si elle est importante et si elle dure. Il se produira alors un effet de cliquet. Même si la hausse de l’Euro est suivie d’une baisse importante de l’Euro, une partie des capacités de production qui auront été détruites ne pourront pas être recrées.

Concernant la France, il y a un assez large consensus pour considérer que le niveau actuel de l’Euro serait trop élevé au regard des structures de production de l’industrie française ce qui expliquerait une partie de notre déficit du commerce extérieur, c’est-à-dire que l’on importe plus que ce que l’on exporte.

Or, en fait, il faut regarder ce qu’il se passe ailleurs. Pendant la même période, les Pays-Bas et l’Allemagne ont augmenté leur excédent commercial. Globalement, l’excédent commercial de la zone Euro a augmenté. Le déficit commercial de la France s’est principalement creusé non pas vis-à-vis de la zone Dollar mais principalement vis-à-vis de la zone Euro. Nous exportons des produits dont la demande est très élastique par rapport au prix. L’Allemagne, en revanche, exporte principalement des produits pour lesquels la demande est peu sensible par rapport au prix, dont l’élasticité des prix est plus faible. Autre explication, c’est que l’on perd des parts de marché par rapport aux autres pays européen et dont notamment par rapport à l’Allemagne.


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