Un droit en extension

Si, appliqué à l’espace, le droit de propriété est la propriété d’un droit, sa valeur va dépendre de l’extension de ce droit. Or son périmètre ne cesse de s’étendre. Plusieurs facteurs y contribuent.

On observe tout d’abord un changement des représentations dû à la prépondérance croissante de l’urbain sur le rural. Alors qu’autrefois, la propriété d’une terre était essentiellement le droit d’en retirer un produit, cela devient aujourd’hui le droit d’être chez soi. Le propriétaire perçoit de plus en plus souvent le terrain comme une extension de son domicile, même s’il s’agit d’une propriété de dizaines d’hectares. Ce changement de perspective allié à la baisse constante des coûts des clôtures a profondément transformé le paysage et ne demande qu’à le modifier encore davantage.

Un autre aspect du même phénomène est le développement d’une véritable demande d’espace qui conduit à approprier tout ce qui peut l’être. Une lande bretonne dont personne n’aurait voulu autrefois vaut plus cher aujourd’hui qu’une terre à blé.

Mais ce sont les attributs reconnus au propriétaire qui, eux même, ne cessent de s’étendre. L’actuelle progression d’un droit du propriétaire sur l’image de sa propriété en est un exemple significatif. N’a-t-on pas vu le propriétaire d’une montagne poursuivre un annonceur qui l’avait photographié?

Un autre front se dessine avec l’adoption en Europe, sous la pression des intérêts américains, de la notion de «droit à polluer», le propriétaire d’installations polluantes se verrait alors reconnaître la propriété d’un véritable «droit acquis» à polluer, librement négociable. Qui a dit que la propriété était un droit menacé?


Unité 5


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