II. La coupe syllabique

La syllabe est l’ensemble des sons qui se groupent autour de leur son syllabique représenté par une voyelle.

Le principe fondamental de la syllabation française: autant de syllabes que de voyelles prononcéees.

Ex.: beau – 3 voyelles orthographiques, mais une seule syllabe.

C’est pourquoi la langue française est privée de diphtongues. On peut rencontrer quelques diphtongues à l’intérieur des mots, mais cela arrive assez rarement.

Ex.: ch ao tique; c aou tchouc.

En dehors de ces cas nous n’avons pas de diphtongues; si deux voyelles se rencontrent, elles forment deux syllabes (pays; chaos; Noël; poète; haîr; souhait;) ou l’une d’elles change en semi – consonne: cahier [ a - je ]; où est – il? [ wε – til ]; ça y est? [ sa - jε]

Les syllabes ouvertes règnent en français, tandis qu’en russe s’est la syllabe fermée qui prédomine. Pour mieux comprendre le mécanisme de la syllabation il est nécessaire de savoir que chaque consonne peut avoir trois formes (suivant sa place dans la syllabe) 1 - croissante (explosive) (сильноконечный) – celle qui commence la syllabe. Elle se caractérise alors par l’augmentation de la tension musculaire des organes de la parole durant toute la tenue de cette consonne. Graphiquement elle est représentée comme ; ⁄˚. L’intensité croît vers la fin de la consonne, elle atteint son plus haut degré devant la voyelle syllabique. La limite syllabique passe devant cette consonne.

⁄˚⁄˚

Ex.: la da me │ pa sse

2 – décroissante (implosive) (сильноначальный) – celle qui termine la syllabe; la tension musculaire diminue durant toute la tenue du son. Graphiquement: ; °\. La limite syllabique passe après cette consonne.

°\

Ex.: il tape ›

3 - géminée - la consonne à deux sommets d’intensité. Graphiquement:

°\ ⁄˚; \/; Par ex.: ne frappe °\ ⁄˚ pas.

La limite syllabique divise cette consonne en deux syllabes.

Comparez la consonne «p» dans toutes les trois formes:

1 – tu tapes | mal ( - décroissante)

2 - la dame | passe ( - croissante)

3 – ne frappe | pas (\/ -géminée)

Conclusion: la limite syllabique passe à l’endroit où la tension musculaire atteint son minimum. Une syllabe est une suite de phonèmes à tension croissante suivie d’une suite de phonèmes à tension décroissente. La frontière syllabique est à l’endroit où l’on passe d’un phonème implosif () à un phonème explosif () – (›|‹).

Exemple de la syllabation:

particulièrement - [ p a r – ti – ky – ljεr – mã ]

| ‹ › › | ‹ ›| ‹ ›| ‹‹ ››| ‹ ›|

Nyrop: Syllabe est un groupe de phonèmes dominé par un son relativement plus intense que ceux qui l’entourent. L’élément constitutif des syllabes est le son syllabique.

Passy: le son syllabique et tous les autres – les sons conçonnants.

Grammont: La coupe syllabique - … «la séparation des syllabes est absolumentindépendante de la séparation grammaticale des mots».

La consonne intervocalique ou devenue intervocalique dans la chaîne parlée appartient à la même syllabe que la voyelle qui suit.

Ex.: || Je | comp|te a| gi|r e|n ho|nnê|te homme. ||

[ – k כֿ- ta - Ʒi – râ - n כֿ- n ε - t m]

III. Enchaînement. Limites des mots grammaticaux.

Les mots français sont des unités logiques et grammaticales et non pas les unités phonétiques. Quelqu’un qui ne sait pas où commencent et finissent les mots français (c–à–d, celui qui ne possède pas le français), ne pourrait jamais le deviner en entendant parler cette langue. C’est parce qu’aucun ou presqu’aucun indice matériel ne marque la fin ou commencement du mot.

Ex.: i|l es|t ou|vert|| – i|l est| tout| vert. || [ i – ℓε – tu - vεr]

comte Rolland – contrôlant. [ k ô – tro - ℓã]

le signalement – le signe allemand. [ℓə -si – ŋa - ℓmã]

on s’en dégoûte – on sent des gouttes. [õ – sã – de - gut]

Les limites des mots français ne sont pas nettes; le mot grammatical perd le plus souvent son indépendance phonétique dans la chaîne parlée, son accent et sa structure syllabique. D’ordinaire, les mots français se disent par groupes rythmiques, sans arrêt, et il arrive souvent qu’une syllabe est constituée par la fin d’un mot et le commencement d’un autre.

Ex.: e|lle ai|me A|dèle; || qua|tre heures. ||

[ε - ℓ ε – ma - dεℓ] [ka - trœ:r]

L’union dans une même syllabe des éléménts appartenant aux mots différents s’appelle l’enchaînement. Il se fait même entre deux groupes rythmiques:

Ex.: Sa mère | est là. [sa - mε – rε - ℓ a ]

Ainsi, c’est l’enchaînement qui efface les limites des mots grammaticaux dans la chaîne parlée.

Dans la langue russe le mot grammatical garde son indépendance phonétique, sa structure syllabique et son accent même dans la chaîne parlée.

Ex.: хо-дит – о – ко – ло; а не хо – ди - то – ко – ло

гадюкубили (а не гадюку | били)

подруг | увели (а не подругувели)

La syllabe russe ne peut être formée que des éléments appartenant au même motgrammatical. C’est pourquoi le cas de l’enchaînement entre deux groupes rythmiques est difficile pour les Russes.

Il y a tout de même quelques indices matériaux marquant les limites des mots français:

1) – les voyelles historiquement longues deviennent brèves à la fin des mots.

2) – les assimilations consonantiques se réalisent plus difficilement à la fin des mots.

Ex.: une vache | jaune (∫ / ʒ)

3) – les syllabes finales des mots significatifs à l’intérieur des groupes rythmiques ne perdent

pas complètement leur accent. Voilà pourquoi on ne confond pas complètement les phrases comme:

«on s’en dé″goûte» et «on ″sent des ″gouttes».

Les Français font recours à quelques procédés pour faire coïncider la coupe de syllabes avec la limite de mot:

1) – la non-liaison (procédé à peine perceptible). Telle est la vraie raison d’être de l’ «h» aspiré;

2) – on insère un «e» muet.

Ex.: que lq u ec hose d e ample; l e iode:

ACCENT

Il y a des langues où l’accent est fixé. En ancien français la différence de degré entre syllabe tonique et syllabe inaccentuée a été très grande: la syllabe accentuée a dû se prononcer avec une grande intensité, et les atones ont été extrêmement faibles.

De nos jours les syllabes d’un mot français sont assez égales en intensité, il y a seulement un accent un peu plus fort sur la finale que sur les autres syllabes.

Il faut ajouter en outre que la règle qui veut que l’accent tombe sur la finale ne vaut pas

pour chaque mot d’un groupe, mais pour le groupe entier.

Ainsi, on a: un a´mi; mais: un ami sin´cère.

Mais en dehors de l’accent normal, il y a aussi ce qu’on appelle l’accent d’insistance. Si on veut insister sur ce qu’on dit, si on veut s’exprimer avec une certaine emphase, il faut évidemment employer des moyens qui nous font sortir de la norme. L’exemple cité par Grammont «C’est épouventable» est bien fait pour illustrer ce phénomène.

Le «p» peut se prolonger en prononciation emphatique; la voyelle [ u ] peut devenir plus longue, elle aussi. En outre, l’accent tonique et l’accent musical de cette voyelle peuvent devenir égaux à ceux de la syllabe ordinairement accentuée.

épouvantable é – pou - van - ta - ble

(sans emphase) (avec emphase)

Il y a d’ailleurs plusieurs cas à considérer:

1) - Accent d’insistance isolé

C’est " d égoutant

a)

Il a fait un vol " m agnifique

(Les mots commencent par une consonne; l’accent tombe sur la 1-re syllabe).

 
 


Elle doit être u" niq ue

b)

C’est un crime a" bo minable

(Les mots commencent par une voyelle; l’accent tombe sur la 2 –me syllabe).

2) - Les accents d’insistance par séries.

Ex.: Il faut se "soumettre ou se "démettre.

NB. – L’intensité est souvent marquée par des moyens syntaxiques ou lexicaux

Ex.: C’est à Londres que nous les avons rencontrés (syntaxique)

C’est mon ami à moi (lexical)

L’accent d’insistance

Ainsi, c’est une règle pour le français de ne pas avoir deux syllabes de suite accentuées,

c–à–d; qu’un monosyllabe accentué désaccentue normalement le mot qui le précède.

On dit: un ' homme ≀ ai´mable avec un accent sur homme et un sur aimable, mais: un homme ´ bon, avec un accent sur bon et aucun accent sur homme.


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